Phlébologie Annales Vasculaires    Société Française de Phlébologie
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2018, 71, 1, p.4-9

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Le Congrès Mondial de l'Union Internationale de Phlébologie (UIP) Melbourne, Australie. 2-8 février 2018. « La mondialisation de la Phlébologie ».

International Union of Phlebology (UIP) 18th World Congress. ?Toward the globalization of Phlebology?

Auteurs/Authors : Guex J.J.

Résumé :

Melbourne est une cité multiculturelle, c’est la devise de la ville : c’est aussi ce que disent les guides touristiques. Cela se vérifie en pratique, et cela s’appliquait tout autant au Congrès Mondial de l’UIP 2018.
Plus qu’à aucune autre occasion nous avons pu vérifier que la Phlébologie s’est étendue à toute la planète : bien entendu jusqu’à l’Australie et à laNouvelle Zélande (ces deux pays sont actifs en phlébologie depuis bien longtemps), mais aussi au Moyen Orient, à toute l’Asie, y compris à l’Asie centrale, et l’Asie du Sud Est et à la Chine : désormais les 5 continents sont vraiment ouverts à la  phlébologie et les échanges de points de vue s’en trouvent fortement pimentés !
Le congrès était organisé par le professeur Kurosh Parsi (qui a d’ailleurs, au cours du congrès, été élu futur président de l’UIP) : il avait choisi le Palais des Congrès de Melbourne, qui est idéal pour une tellemanifestation car il est vaste, bien équipé et très bien placé dans la ville.
Le succès de ce congrès : 1100 congressistes étaient présents, malgré son éloignement de l’Europe. Ce n’était pas évident au départ, les sponsors et les intervenants ont cependant joué le jeu et la partie a été gagnée. Le choix offert par le programme était vaste et très intéressant et, même un peu  ambitieux avec souvent 10 séances se déroulant en parallèle dans des salles, parfois difficiles à remplir toutes.
J’ai apprécié en particulier de nombreuses séances interactives avec vote de la salle, ce qui est certes un peu ludique, mais aussi très stimulant.
La participation française : a été plus importante qu’à Boston : plus d’une vingtaine de collègues, dont une douzaine environ a présenté des communications, des vidéos ou des posters (annexe 1).
La séance sur les récidives variqueuses après traitement, co-organisée par la Société Française de Phlébologie avec les sociétés fondatrices de l’UIP a bénéficié de cette technologie, qui fonctionnait fort bien grâce à ladiligence du co-organisateur le docteur David Connor.

Les cas cliniques présentés par la France, le Benelux, l’Allemagne et l’Italie ont permis
de bien analyser les différentes options thérapeutiques. (Voir le programme de la
séance en annexe 2).
Des participants de pays naguère absents des débats nous ont présenté des études cliniques de qualité à propos des techniques les plus modernes : il va falloir nous y habituer, la phlébologie bouge aussi en Chine, au Kazakhstan et/ou ailleurs.
– Bien sûr, ces pays émergents sont entrés d’emblée dans la phlébologie moderne, avec écho-doppler couleur, Laser endoveineux, radio fréquence, mousse sclérosante, colle, etc. quand nous avons mis trente ans à les mettre au point.
– Il leur manque cependant un peu de réflexion et de culture générale phlébologique. Mais ce sont les règles du jeu et il y a quand même quelques collègues ayant une connaissance de l’histoire de la phlébologie.
Corollaire de la mondialisation de la phlébologie, la diversification des points de vue, des approches, des méthodes est le phénomène le plus frappant.
Il était donc particulièrement intéressant d’assister aux séances de grands débats contradictoires avec interactivité et vote de la salle pour voir l’évolution des idées.
– Les sujets ainsi traités ont été nombreux et les orateurs invités avaient affuté leurs armes (avec une certaine mauvaise foi pour certains...). Mais les votes électroniques ramenaient vite à la réalité.
Les organisateurs ont ainsi mis sur la sellette :
– L’étude SOX et l’étude ATTRACT (largement rejetées toutes les deux),
– La validité du score de Villalta (relativement critiqué mais ayant le mérite d’exister et largement employé),
– La nécessité ou non de réaliser les ablations en salle d’opération stérile (proposition plutôt rejetée),
– L’intérêt de la prophylaxie de la thrombose après ablation (retenue chez les malades à risque),
– L’intérêt du stenting endoveineux (retenu, mais très discuté) etc.
Une mise à jour importante des connaissances a été assurée par la séance « Update on International Guidelines » durant laquelle les principales recommandations internationales ont été rappelées et commentées par les meilleurs spécialistes : A. Nicolaides, P. Gloviczki, A. Bradbury, M. Meissner, C. Kearon, C. Lattimer.
De même, plusieurs sessions « State of the art » ont fait le point sur tous les aspects de la phlébologie, et là encore, les meilleurs orateurs étaient présents, dont Claudine Hamel-Desnos.
La présentation des revues de phlébologie par leurs éditeurs (« The Phlebological Editors’ Forum) a aussi été une séance intéressante et originale, notre revue « Phlébologie Annales Vasculaires » y était présentée par Albert-Claude Benhamou.
De nombreuses sessions ont été consacrées à la thrombose veineuse et à ses traitements.
La place des nouveaux anticoagulants oraux (NOACS) est désormais complètement dominante et des recommandations existent pour la plupart des indications. De nouvelles études paraissent et complètent au fur etàmesure nos connaissances.
En ce qui concerne la thrombolyse pharmacomécanique, l’intérêt pour la méthode renaîtmais les incertitudes sur les bénéfices restent un obstacle, de nouvelles études sont nécessaires.

– On notera la belle présentation de Jean-Luc Gillet, le cas clinique de thrombose plantaire de Christian Daniel, une présentation « hypnose » de Matthieu Josnin très appréciée et la spectaculaire vidéo d’une perforante et de son traitement par la mousse, d’un jeune espoir de la SFP, Sammi Zerrouck.
– Pour les vidéos l’exercice était difficile car il s’agissait de commenter en live les images qui vont vite et de répondre ensuite à des questions qui étaient assez nombreuses. Exercice pratiquement aussi difficile que les autres communications orales.
Conclusion
Au total, que retenir de ce congrès mondial, quoi de neuf en Phlébologie, qu’est-ce
qui a changé, avons-nous découvert des techniques innovantes ?En fait, il s’est plutôt
agi de mises au point.

En effet, les techniques les plus récentes nous étaient déjà connues :
Méthodes endoveineuses superficielles thermiques ou sans anesthésie et sans tumescence (mousse, colle, MOCA) ;
Techniques endoveineuses profondes dans les TVP aigues et dans les SPT (pharmaco-mécanique, angioplastie, stenting) ;
– Chirurgie veineuse profonde.
Les méthodes modernes sont désormais bien décrites, leur efficacité bien évaluée, leur réalisation optimisée (voir en particulier les posters de S Gracia).
Le traitement des varices est bien codifié et accepté par tous : traitement endoveineux thermique et/ou sclérothérapie écho-guidée à la mousse.
Les études relatives à la colle cyanoacrylate montrent une bonne efficacité à court et moyen terme et une bonne tolérance, mais les récidives à plus long terme et leur prise en charge sont encore insuffisamment précisées. D’ailleurs la colle reste extrêmement onéreuse.
Les varices pelviennes et le syndrome de congestion pelvienne ont fait l’objet de nombre de communications, sans grande nouveauté à signaler à mon avis.
Dans le domaine de la compression, je n’ai pas noté d’innovation révolutionnaire, les bandes à allongement court ont toujours la préférence des experts.
On peut aussi souligner que la Phlébologie française a été à l’honneur lors de la Cérémonie des Awards de l’UIP : 4 phlébologues français ont été récompensés par les instances de l’UIP pour leurs travaux au sein de la SFP et de l’UIP :
Georges JANTET :
UIP PRESIDENTIALMEDALS. 1995-1999
Jean-Jérôme GUEX :
UIP AWARDS of EXCELLENCE. Awards of Excellence for Distinguished Long Service
to the UIP
Michel PERRIN :
UIP SCIENTIFIC AWARDS. The Inaugural UIP Gold Medal
Claudine HAMEL-DESNOS :
ACP FELLOWSHIP. (The Australasian College of Phlebology)
Au total la SFP a porté avec succès les couleurs de la phlébologie française et on peut s’en féliciter.

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